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Un sondage Ipsos-"Le Monde"-TF1 fait état d'une opinion massivement hostile à la guerre et très critique envers les Etats-Unis, accusés d'en être les premiers responsables. A Washington, l'administration Bush est sous le feu de critiques sur la manière dont le conflit est mené.
Sondage IPSOS "Le Monde" - TF1
L'Irak en ligne de mire
Leurs manifestations ont beau marquer le pas, les opposants à la guerre américaine en Irak ne désarment pas. Dix jours après son déclenchement, les Français y sont plus que jamais hostiles, et une grande majorité d'entre eux tiennent les Etats-Unis pour responsables de ce conflit. Au-delà de ce réquisitoire antiaméricain, l'opinion française exprime une inquiétude grandissante sur les risques de la guerre. Tels sont les principaux enseignements du sondage réalisé par Ipsos pour Le Monde et TF1.
En effet, près de quatre Français sur cinq (78 %) désapprouvent - et plus de la moitié (53 %) désapprouvent totalement - l'intervention américaine et britannique en Irak, contre 17 % seulement qui l'approuvent et 5 % qui ne se prononcent pas. Cette condamnation est pratiquement sans appel chez les jeunes de moins de 35 ans (84 %), chez les cadres supérieurs (90 %), parmi les plus diplômés (87 % chez les bac +3 et plus, contre 61 % chez les non-diplômés) et dans les milieux les moins populaires (83 % dans les foyers dont le revenu mensuel est supérieur à 2 000 euros), ainsi que chez les Parisiens (83 %).
Enfin, plus on est à gauche, plus on est opposé à la guerre : 85 % des sympathisants d'extrême gauche ou de la gauche parlementaire expriment cette position, contre 76 % de ceux de la droite et 48 % seulement de ceux d'extrême droite. Cette condamnation massive serait certes nettement atténuée dans l'hypothèse où l'Irak utiliserait des armes chimiques contre les forces américaines et britanniques : mais même cette éventualité ne ferait pas changer d'avis à une majorité (52 %) de ceux qui désapprouvent l'intervention américaine.
ANTIAMÉRICANISME
C'est dire qu'aux yeux des Français la responsabilité américaine dans ce conflit est évidente : c'est le cas pour les deux tiers d'entre eux (65 %), contre 12 % seulement qui font porter la responsabilité sur l'Irak, tandis que 11 % jugent que la responsabilité incombe autant aux Etats-Unis qu'à l'Irak et que 12 % ne se prononcent pas. Cet antiaméricanisme obéit au même profil que celui des opposants à la guerre : il est particulièrement fort chez les jeunes, les plus diplômés, les catégories sociales supérieures et les électeurs de gauche.
Plus impressionnant encore est le faible degré de solidarité des Français avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Un tiers d'entre eux seulement (34 %) répondent que, dans ce conflit, ils se sentent " plutôt du côté des Etats-Unis et des Anglais" et ce pourcentage est systématiquement inférieur à la majorité, même chez les sympathisants de droite (44 %) et chez les plus âgés (47 % chez les plus de 70 ans). A l'inverse, un quart des sondés se déclarent " plutôt du côté de l'Irak" et jusqu'à 30 % chez les moins de 35 ans. Enfin, 31 % des personnes interrogées disent ne se sentir proches d'aucun des deux camps et 10 % ne se prononcent pas.
C'est donc peu dire que ce conflit a profondément affaibli les liens transatlantiques. De même, quand on demande aux sondés si, " au fond d'eux-mêmes, ils souhaitent la victoire des Etats-Unis", il ne s'en trouve tout de même qu'une courte majorité (53 %) pour répondre positivement et une forte minorité (33 %, et même 51 % à l'extrême gauche) pour exprimer le souhait inverse.
"PLUTÔT MOINS BIEN"
Au-delà de ce sentiment antiaméricain très fort, l'opinion française a manifestement pris toute la mesure du caractère inquiétant du conflit et des risques qu'il fait naître. Ainsi, plus des trois quarts (77 %) jugent que, sur le terrain, " les choses se passent plutôt moins bien" que ne disent les responsables militaires et politiques des forces de la coalition. De même, plus personne n'imagine que cette guerre puisse être rapide : pour 38 % elle durera plusieurs semaines, pour 48 % plusieurs mois et même pour 7 % plusieurs années. Quant à la probabilité de la victoire des Américains et des Britanniques sur l'Irak, elle est tout de même jugée " loin d'être évidente" par 43 % des personnes interrogées, contre 33 % qui la jugent " probable" et 21 % seulement certaine.
On est donc très loin des scénarios de guerre éclair et triomphale qui semblaient s'imposer il y a dix jours à peine. D'autant que la hiérarchie des inquiétudes des Français par rapport à ce conflit est sans ambiguïtés. Pour près de la moitié d'entre eux (44 %, et 48 % chez les femmes), ses conséquences sur la paix dans le monde constituent la principale inquiétude.
Si l'on y ajoute les 21 % pour qui le plus inquiétant est la conséquence du conflit sur le terrorisme et les 31 % qui en redoutent les conséquences humanitaires, il est clair que les Français ont clairement pris la mesure des risques et font passer très au second plan leur crainte que cette guerre ne dégrade la situation économique française (18 %). L'opinion française apparaît donc hostile à la guerre, inquiète de ses conséquences internationales et franchement accusatrice à l'égard des Etats-Unis.
Gérard Courtois